mercredi 24 février 2016

GENS d’ici : Florette NAUDE-De LEEUW
et sa pépinière.
 Dans un billet envoyé en Juin 2014, j’ai évoqué rapidement  Florette et sa pépinière De Leeuw, située à environ 20km de Clarens où nous sommes venus à maintes reprises acheter: pêchers, abricotiers, pommiers.etc...Et plantes d’ornement .

Sa voiture avec la signalétique  




Cette demeure construite dans les années 1920, par ses parents qui exploitaient cette ferme de 800 hectares.
La maison de maître est typique de l’architecture traditionnelle coloniale : escalier menant à une grande véranda et à l’entrée principale, chambres ou salon, fumoir en enfilade longeant le couloir vous conduisant à une grande salle à manger.

Les murs  sont montés en blocs de pierre orange-ocre, une touche particulière de couleur du Free State. J’ai appris que généralement, ces blocs de pierre taillée viennent du Lesotho.
La barre rocheuse vue de l’entrée. Le traditionnel bassin devant l’escalier, un composant habituel de cette architecture coloniale  a été supprimé

Debout sur cet escalier, en contemplant la barre rocheuse, j’ai l’impression de me trouver dans une maison de maître à l’île de la Réunion



           Fauteuils et canapés des années 1960


Cheminée style Art-Déco de cette époque 


Meubles et rangements dans la cuisine en formica
Le micro-onde ferait figure d’un OVNI dans cet espace de rangement, non !!




Je n’ai pas pu photographier la cuisinière à charbon en fonte qui sert aussi de chauffage.

Florette gère cette ferme et la pépinière  que sa sœur et elle  ont reçues  en héritage. Cependant, à deux, elles ont crée un trust, l’équivalente d’une SARL en France pour gérer ce patrimoine avant que sa sœur  décèdé.
Mais Florette habite et enseigne à l’université de Durban au département de Communication, tout en s’occupant des affaires de la ferme et de la Pépinière.
Habituellement, tous les deux mois, elle effectue un court séjour à la ferme. Court séjour qui peut se prolonger à une semaine en Avril-Mai où les ventes sont plus importantes car les gens achètent ses jeunes arbres racines nues  pour les planter en terre avant l’arrivée de l’hiver (de Juillet à Septembre)

Sa méthode de production de jeunes arbres par bouturage :
Les branches coupées sont implantées très serrés en terre : 5 à 6 cm entre ces branches.



Dans cette parcelle de 100m x 60m, 1 ou 2 ans après la mise en terre, elle peut espérer, si tout pousse normalement comme prévu, récolter environ 7000 jeunes arbres prêts à être mis en terre.



Le  climat dans ce coin est très rude en hiver ; et pourtant, une espèce de palmier-dattier a réussi à s’acclimater chez Florette.
Magie secrète de la main verte du pépiniériste et de son équipe, probablement !



Betty et la révision de la leçon des choses : bouturer, marcotter, planter, tailler..





Roel et Marjon Von Meilj. Un couple hollandais, installé à Clarens depuis 2011



Florette nous a dit qu’une Organisation N.G américaine avait lancé en 2014 une campagne de reboisement au Lesotho. Ce programme consisterait, (en Afrique on a tendance à parler de grands  projets au conditionnel) à planter environ 10 millions d’arbres en 5-6 ans. En conséquence, elle et son équipe se sont mis à bouturer sur une parcelle de 5 ou 6 ha probablement plus ou moins 60.000 branches. Elle verra la récolte en 2017/2018 et on croise les doigts avec elle
Dans ce seau, une botte de 60 boutures, (eh oui,) avec racines, pieds dans l’eau sans terre, prêtes pour  la livraison.





Un bouquet 'une centaine d'arbres, conservés "au frais" prêt à être livré

Nous avons vu une bakkie et sa remorque chargées de 50 bottes, donc environ 5.000 boutures quitter la pépinière pour une livraison.

Un arbre endémique Sud-Africain : Cabbage Tree      Cussonias spicata 


Roel et nous avons acheté ce jour là, un Cabbage tree, (Cussonias spicata) un arbre endémique qui pousse essentiellement dans  Free State, KwaZulu-Natal, Transkei, de la côte jusqu’à la montagne, parfois sur les rochers.
Ses feuilles dentelées restent vertes tout l’année. Il peut résister à la température basse de certaines de ces régions relativement aride ou semi-désertiques.
Sa taille  varie de 4m à 10m.


Cabbage trees sur la route du Golden Gate National Park.





Son nom vernaculaire, ou populaire vient de la forme de ses feuilles qui évoque celles des choux (Curieuse association d’images, ne vous trouvez-pas ?)
Ce qui est sûr, c’est que la forme de l’arbre adulte n’a rien à voir avec la tête de notre Serge national. Cabbage tree chantonne-t-il, murmure-t-il, lorsque les brises caressent ses feuilles vertes, les paroles de « Les petits papiers » chantées par Régine 
La couleur verte tendre de ses feuilles se distingue nettement de celle des autres arbres poussés à proximité.

Ben a trouvé un Cabbage Tree ci poussé parmi les rochers dans la ravine.
Il lui a fallu une heure de travail pour le déterrer et le ramener à la maison. Nous espérons qu’il survivra.
Croisons nos doigts.





dimanche 14 février 2016

La Saga des AJED. L'année terrible 2015 La sècheresse Oct-Décembre

La Saga des AJED :
L’année terrible
La scheresse et les rafales de vent
Octobre-Décembre 2015
Une saison blanche et sèche
NON, ce titre n’a rien à voir avec le roman « White and Dry Season » d’André BRINK publié en 1979 et traduit en français sous le titre « Une saison blanche et sèche » Edition Stock 1980.
Ce roman qui dénonce le régime d’apartheid en Afrique du Sud a contribué à porter à la connaissance du monde entier la répression très sévère exercée par le gouvernement de la RSA à l’encontre des Noirs qui menaient des actions contre ce régime à la suite des émeutes de Soweto en 1976.  
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Tout le monde parle de l’année 2015 comme une des années les plus chaudes depuis des décennies.
La sécheresse qui sévit depuis Avril 2015 en Afrique du Sud n’a pas échappé à ce phénomène, une des conséquences de l’enfant terrible El Nino. (Voir Le Monde du 13 Novembre 2015 : La sévère sécheresse persiste en Afrique du Sud)
Quelques gouttes d’eau se sont échappées du ciel d’Avril 2015 à mi Janvier 2016 alors que les rafales de vents, atteignant régulièrement 65km-75km/heure  fouettaient, balayaient collines et  montagnes qui nous entourent.
Juin 2015 : Domaine Sérénité où l’herbe est devenu jaune car la pluie n’était pas au rendez-vous depuis Avril

Cependant le bassin était  rempli de l’eau qui débordait de la cuve 10.000 litres grâce au vent qui fait tourner la pompe éolienne.

D’Octobre à Décembre la température grimpait facilement  à 28°C dès  6h-7h du matin, et elle frôlait parfois les 32°-34°C pendant la journée.



Le 5 Novembre 2015
Le record a été enregistré à 39°C à 11h à l’ombre au Highland Coffee à Clarens où on peut réellement déguster un vrai et excellent expresso digne de ce  nom

On dit que, selon les archives et les « anciens »,  Clarens avait connu les 34° C  pour la dernière fois en 1935
Ci-dessous: La terre est vraiment sèche 



Janvier 2016 : 
Sérénité vu de la propriété Saint Fort, à 30 minutes de marche de chez nous.
 La ravine constitue la ligne de démarcation entre Sérénité et Saint Fort



Novembre 2015
Photo prise de la grotte aux baboins
 Notre ami et voisin hollandais Roel  quittait Sérénité pour rentrer chez lui, à 2h30 de marche.
Il entamait la traversée du  pré appartenant à Saint Fort  avant de se faufiler dans la ravine.
Le paysage était  si désolant,  devenu blanc et entièrement brûlé par la chaleur et par le soleil.   

Alors qu’en Octobre-Novembre 2014 :
il pleuvait normalement pour un printemps ordinaire dans le Free State.
Le chemin était tellement boueux que je devais toujours conduire en mode 4 x4 à 20km/h pour rentrer à la maison




Janvier 2016
Les 30 platanes qui bordent l’allée ont terriblement souffert de la sécheresse.


 Provisoirement, je pense que nous en avons perdu probablement 3 ou 4.
Quelques platanes en danger.Je ne pense pas qu’ils puissent survivre.




Ci-dessous: l'envol d'un serpentaire au dessus du près . Son envergure s'approche bien 2 m


Les panneaux solaires sont chauffés à blanc tout le long de la journée où aucune nuage se point à l'horizon.
Tout est devenu jaune-blanchâtre par manque d’eau et de l’humidité  dans l’atmosphère  


Pour l’instant on continue à les arroser en espérant  sauver ceux qui sont éprouvés par  la sécheresse : les  branches devenues presque cassantes manifestent le signe d’une branche presque morte.

Les rafales de vent
Les rafales nous sifflaient dans les oreilles toute la journée.
Parfois elles atteignaient  les pics de 75km/h. Généralement, elles balayaient le paysage  à 45km/55km. Bien entendu, elles ne sont pas comparables aux rafales cycloniques que nous avons connues à l’île de la Réunion.
Un jour, le ciel était devenu soudainement opaque, teinté d’une couleur ocre-orange obscurcissant l’horizon, réduisant la visibilité à environ 100 m. C’étaient des rafales de vent qui soulevaient une grosse masse de poussière. Ce n’était pas le ciel rougeâtre de Pékin archi-pollué dont les photos ont récemment fait le tour du monde en Janvier 2016.  

Le vent était tellement  violent qu’il  soulevait la toile en plastique, comme si c’était le voile d’un voilier  gonflé par  la tempête.
Le plastique, à son tour a finit par soulever et faire bouger la structure métallique, rompant ainsi les points de soudure
La serre est entièrement détruite.


Le plastique, à son tour a finit par soulever et faire bouger la structure métallique, rompant ainsi les points de soudure
La serre est entièrement détruite.

Résultats des courses, on était content de voir des nuages noirs s’amonceler  à l’horizon..et puis, quelques minutes plus tard, les rafales se mettaient de la partie et nettoyaient le ciel le rendant tout bleu sans nuage.
Pas de pluie tant espérée et annoncée par les prévisionnistes du site Méteoblue.


Pendant des mois, on consultait  quotidiennement le site Météoblue.com  afin de savoir si par chance la pluie nous tomberait dessus.
MAIS, fait extraordinaire :
Si, les prévisions indiquaient  avec exactitude l’état du ciel : ensoleillé le matin, nuageux dans l’après-midi, celles concernant les vitesses  des rafales de vent se révélait inexacte. ( ??)

La pompe éolienne
Du 15 Octobre au 20 Novembre la tige de transmission reliant la roue à hélices à la pompe à piston a été cassée en 3 endroits différents à cause des rafales de vent
La pompe éolienne est donc hors d’usage.
Deux réparations en 3 semaines





Heureusement, nous avons fait installer en Mai 2013 aussi une pompe électrique de secours qui a été mise en service pour remplacer l’éolienne.

Comme les rayons du soleil  nous écrasent dès 6h du matin, nous obtenons quotidiennement suffisamment d’électricité pour faire fonctionner la pompe électrique environ 4-6 heures par jour.

Moralité de ce phénomène météorologique : les rafales chassant les nuages nous permettent de remplir la cuve de 10.000 litres d’eau grâce à l’abondance d’électricité. Les panneaux nous fournissent en moyenne 10 Kw par jour

Et nous sommes confrontés à un choix cornélien : afin d’avoir de l‘eau pour l’arrosage de nos plantations, faut-il préférer  le vent à la pluie?   
Mais tout de même, je préfère utiliser  l’électricité pour faire fonctionner autres appareils, machines, et outils que la pompe électrique.

Le problème est que les entreprises spécialisées dans les pompes éoliennes sont tellement débordées par les demandes de réparation qu’aucune n’est pas encore venue réparer la troisième casse. Donc on continue à déclencher la pompe électrique chaque jour

En Janvier, dans les vœux de Nouvel An, la mention « une année 2016 pluvieuse » fait partie du cortège de vœux traditionnel : santé, bonheur, chances, succès..etc. que l’on reçoit et que l’on envoi mutuellement

Démantèlement de l’ancienne serre et construction d’une nouvelle

Puisque la serre cubique a été très fortement endommagée, pour ne pas dire détruite, nous avons été obligés d’en faire construire une nouvelle


Le chantier a duré 10 jours



La toiture en toile plastique a été remplacée par le vitrage plastique polycarbonate  




L’arrivée de la pluie et des orages d’été en Janvier a fait revenir doucement de la couleur au paysage.
En effet,  en 20 jours, la pluviométrie a atteint 171 mm



Cependant, les orages d’été, même en période de sécheresse sévère, s’accompagnent souvent de la grêle.

Le 3 février, à 15:00 des grêles de la taille d’une balle de golf se sont déversées pendant 10-15 minutes sur Clarens Village, causant de sérieux dégâts aux voitures, toitures, jardins, arbres fruitiers. Et heureusement aucune une boule de glace n’est tombée sur le Domaine Sérénité

A mon niveau j’ai remarqué quelques « dégâts collatéraux » dus à la sécheresse


*Que la chaleur a été telle que nous n’arrivions pas à faire notre beurre maison. La crème fraîche ne se transformait pas en chantilly épais qui permet d’obtenir par la suite du beurre baraté.

*Que les poules ont réduit fortement leur ponte.

* Qu’aux réunions mensuelles du Clarens Garden Club, nous n’apportions aucun légume bio du potager à vendre au profit de la caisse « verte » du CGC. Certains membres du club en étaient déçus
  
*Pratiquement pas de mûres ni au jardin, ni dans le bush de notre terrain. Donc pas de tartes aux mûres cette année

*Que le prix des céréales s’est envolé. Pour nourrir mes poules, le sac de 25 kg de mélange maïs+ graines de tournesol est passé de  110 Rands en Octobre 2015 à 120 R en Décembre et à 150 R en Février 2016. En conséquence le prix du poulet et de la viande sur les étals ont fait un bond, contribuant à l’envolée de l’inflation qui officiellement n’a été que de 6.5% en 2015.

*Le prix de la farine de maïs, le mielie-maze dont le prix est très bas constitue l’aliment quotidien de base d’une grande partie de la population : le pap : une sorte de porridge/polenta (ce terme Afrikaans vient du Néerlandais « porridge »)  a accusé une augmentation de 20% en 3 mois.

Concernant la hausse du prix de la viande pour le braai (barbecue) si chère aux citoyens Sud Africains, je vous livre une explication de mon voisin David , ex-banquier, retraité devenu fermier éleveur.
Primo : La sécheresse conduit à la hausse du prix de fourrage et des granulées. Par conséquence  les bêtes ne sont pas engraissées correctement à cause du coût des aliments ; donc pas ou faibles bénéfices à retirer de la vente car le poids des bêtes reste suffisant. Et peu de vente conclue aux enchères hebdomadaires du bétail.
Ce qui est rare est cher
Secondo : l’arrivée de la pluie tant espérée permet aux foins de pousser, et en même temps de faire grossir le bétail. Dans l’espoir d’obtenir davantage de revenus, une grande majorité de fermiers en ce moment s’abstient à vendre leurs bêtes en spéculant sur la loi de l’offre et de la demande.
Encore ce qui est rare est cher.

Une petite consolation :
La baisse du prix de l’essence et du gasoil a ralentit quelques peu la hausse des prix des taxis-bus collectifs que les Noirs empruntent pour se rendre au travail
En moyenne depuis Novembre : le sans plomb se situe autour de 12,20 R, le gasoil 10,50 R.

(Taux moyen de change en Janvier 2016 un Euro=17,75 Rands. Sources : Banque de France)