LES GENS d’ICI
Part Three
Le Professeur TOURNESOL
( ou Professor CALCULUS selon la version anglaise des albums TINTIN)
En Mai, Betty avait commandé à la pépinière de Florette De LEUWN des arbres fruitiers à planter. Le jour convenu, vers 10h, on se rendait donc à cette ferme, située à environ 25km de CLARENS, à l’écart de la N 712 reliant Clarens à Bethlehem. C’était l’heure du tea-time, et on se trouvait en compagnie des amis de Florette : Denise et Steve Harisson. La commande n’étant pas prête, Florette nous promettait la livraison pour le Samedi suivant.
Café et quelques biscuits aidant, la conversation engagée avec Denis et Steve tournait autour de la sempiternelle question : pourquoi avons-nous choisi de nous installer dans un coin isolé, au pays où l’insécurité demeure etc. Avant de se quitter, Denise et Steve proposaient de jouer le rôle de coursiers-livreurs de nos arbres à domicile.
Les Harisson sont venus de l’UK à Clarens depuis 7 ans. Steve, 70 ans ingénieur électronique et mécanique, avait travaillé pour des sociétés anglaises implantées en Afrique Noire. Curieux, réservé, des sourires espiègles, excellent bricoleur, et de surcroit un touche à tout, de tempérament « très dynamique », je dirais, comme un ressort de moteur électrique. Le voir m’évoque le fameux Professeur Tournesol des albums Tintin.
Denise, elle, était coiffeuse.
Piet, notre jardinier dit que Steve se rend de temps en temps au township Kgubetswana pour rendre de menus services aux habitants. Denise est trésorière du Clarens Garden Club.
Leur maison est une des rares à Clarens où on peut admirer un potager bien ordonné.
Car contrairement à tout Anglais, ou tout individu imprégné de la culture britannique qui se respecte, l’espace autour des maisons ne doit être couvert que de gazon vert, taillé à raz comme celui de Wimbledon, agrémenté de roses en bordure.
Seulement, tous des deux sont allergiques au gluten, et au lait. Quand ils viennent à Sérénité pour un café, ou thé, il est impossible à Betty de leur offrir quelques biscuits, ou cake, ou madeleine faits maison. Parfois, Denise amène sa boite de biscuits faits de farine de riz, et repart avec ceux qui restent. En revanche, ils ne craignent pas les plats vietnamiens : rouleaux de printemps, riz cantonnais par ex. On a pu les convier à un simple déjeuner à base de riz.
Préparation des rouleaux de printemps
Pour sûr, il manie à la perfection des baguettes de soudure, ou des pinceaux pour la peinture
Steve : Artiste peintre amateur :
Portrait inspiré de Madame Butterfly de Puccini
Son grand garage de deux places, comme 90% des garages existants en RSA, est archi rempli de tout : une BMW 320, UNE LOTUS jaune de collection, des outils électro-portatifs et toute la panoplie indispensable à un habile et excellent bricoleur. En somme, un parfait d’atelier bien rangé.
Chevalet, palettes, tubes de couleurs pour la peinture complètent l’espace restant.
La vieille OPEL Kadett de 1990 reste dormir dehors. Pour monter à Sérénité, Steve attend que notre chemin d’accès soit praticable pour l’OPEL. « Je ne risque pas, dit-il, d’aller chez vous avec la LOTUS ou à la BMW ». Leçon à retenir : ne pas l’appeler en URGENT le lendemain des grosses averses. Ou alors je dois venir le chercher avec ses outils avec ma bakkie en mode off-road 4x4
Voici Une ŒUVRE dont il est très fier : 6 ans de travail aux heures « perdues » : sa locomotive « à vapeur » qui fait tut.tut.tut comme une vraie. Une extraordinaire et merveilleuse réalisation du modélisme à l’échelle de 1/60ème je crois.
Pour la démonstration, il a mis en marche sa loco avec de l’électricité. Mais, il me jure qu’un jour elle fonctionnera avec la chaudière chauffée aux copaux de bois. Promis Juré.
Avec sa casquette de machiniste et Chef de Clarens Village Station
A gauche de la photo, un bout du capot de la Lotus jaune.
Je n’ai pas réussi à prendre en photo Denise et Steve assis dans la Lotus. Pourtant, avec le sourire d’un grand gamin espiègle, il me dit, en gros, que « ça en jette » quand ils « sortent » et « promènent » la Lotus à Bethlehem pour dégourdir les roues et entretenir la belle mécanique.
En Juin, apprenant les déboires que j’avais eus avec le marchand de savonnette-« ingénieur-installateur » de l’éolienne, le windmill turbine, Steve s’est penché sur les équipements livrés : pas de régulateur indispensable au rechargement des batteries par le vent. Son verdict : puisque la vitesse du vent est irrégulière, l’électricité fournie par l’éolienne procure des intensités inégales pour la recharge. Quand les batteries sont pleinement rechargées, l’absence d’un régulateur de courant entrant dans les batteries pourrait en trainer la surchauffe des batteries, ce qui pourrait les endommager.
La solution à envisager : Un mécanisme qui se déclenche automatiquement et qui consommerait le surplus de l’électricité. L’électricité qui continue à gaver les batteries alors qu’elles n’en peuvent plus.
En utilisant des matériaux de récupération, il a conçu une espèce de four électrique « ouvert » à deux résistantes assez puissantes (1.200w chacune). Connectée au contrôleur de recharge, ce four s’allume automatiquement quand toutes les batteries sont rechargées à 100% ; et il consomme donc rapidement le surplus de l’énergie produit par des rafales irrégulières de vent.
Le boitier « magique » vue du dessous
L’artiste et son œuvre à installer
Les deux pieds de zamal ( marijuana) qui poussent par inadvertance près du « four ouvert » risquent gros par les rafales de vent . En moins de deux, les deux résistances les sèchent et nous pourrons en faire des tisanes en cas de douleur musculaire, ou de fièvre, ou pour d’autres raisons.
L’entrée simultanée des deux sources d’énergie : soleil et vent n’est pas possible. Donc notre solution : le soleil remplit en énergie les batteries quand les rayons dardent, et dès que les rayons solaires disparaissent, je déclenche alors l’entrée de l’énergie éolienne au cas où le vent vient caresser nos collines pendant la nuit.
Steve me dit que s’il obtient les caractéristiques techniques du régulateur solaire, il arriverait probablement à créer un machin permettant l’entrée simultanée en électricité de ces deux sources dans les batteries.
Vous imaginez-vous que les vendeurs de panneaux solaires me disent de m’adresser à l’importateur-fournisseur du régulateur pour obtenir la fiche technique et le guide de l’utilisateur. Eux ne sont que simples installateurs vendeurs d’un produit dont ils ne connaissent pas en détail les caractéristiques techniques.
Dixit leurs SMS. Véridiques !
Effectivement, il nous arrive très souvent d’acheter des appareils électriques sans que le vendeur nous fournisse le guide de l’utilisateur.
PS :
Dans mon précédent post intitulé « Les Gens d’ici : The Six Clarens Vintage », j’ai oublié de mentionner la gentillesse bienveillante de nos amis qui nous ont aidés depuis notre arrivée à Clarens en novembre 2013.
En Avril, nous n’avions pas encore obtenu notre titre de séjour temporaire. Sans ce sésame, pas question d’ouvrir un compte bancaire, donc pas d’abonnement possible à une ligne téléphonique, portable ou fixe, et par conséquence, pas d’espoir de connexion à Internet. Elrina a souscrit pour nous un abonnement qui nous a permis d’avoir un boitier « Router » Modem. Avec cette petite boite, que l’on peut mettre dans la poche, on est connecté partout, où que nous soyons : en ville, à l’hôtel, dans la brousse (si le réseau fonctionne).
En Juin, quand les installateurs des panneaux solaires ne répondaient pas à mes emails signalant les dysfonctionnements (voir La fée Electrique le plan B) qui nous privaient de courant pendant 10 jours, Lynne les appelait en qualité de notre « avocate ». Résultats : ils sont venus nous dépanner 3 jours après son coup de fil.
A SUIVRE :