LES GENS d’ICI
Deuxième partie
Nos voisins et nous
The Six VERLIESFONTEIN VINTAGE
Un jour de Février 2014, alors nous arpentions les allées du magasin de bricolage à Bethlehem, une dame nous a abordés en disant qu’on était voisins. C’était Elrina McLeod. Echange rituel de numéros de téléphone, quelques appels et deux semaines plus tard, on s’est trouvé invités au dîner chez les McLeod en compagnie de Lynne et de David Harrisson. Sur la terrasse de Highland Coffee à Clarens Elrina et Glen McLeod
Glen 77 ans était ingénieur mécanique.
Elevée et ayant grandit dans une ferme, Elrina, 65 ans « femme au foyer », a ses pieds bien campés sur le plancher des vaches.
Elrina s’implique davantage que Glen dans les activités caritatives. Tous les Vendredi, elle est responsable du déjeuner qu’une association chrétienne implantée dans le township fournit à une trentaine d’élèves de l’école primaire issus des milieux défavorisés, ou orphelins accueillis par les familles proches mais démunies. Le matin vers 9-10h, Elrina fait des courses avec ses propres deniers avant de donner les ingrédients aux cuisinières, puis vers 13h, surveille la quantité des barquettes garnies avant la distribution. Car, dit-elle, certaines cantinières ont tendance à mettre de côté la nourriture préparée qu’elles ramènent à leurs foyers. Ayant parrainé un grand adolescent qui était sur le point de terminer le seconde cycle du Secondaire (A level), elle m’a suggéré un jour de parrainer un jeune scolarisé.
Pour soutenir les micros activités économiques communautaires du township, elle effectue une partie de ses achats, surtout les produits de base dans les petits bazars ou épicerie-alimentations.
Ils (plus exactement Elrina) géraient une B&B située dans Clarens Village, pouvant accueillir 6 personnes ; ils y vivaient de façon presque permanente. Leur maison que nous voyons de Sérénité leur servait en quelque sorte de résidence secondaire. La ferme est gardée par Thabo, employé vivant en permanence sur place.
A vrai dire, Glen n’aime pas trop la vie isolée à la campagne, alors qu’Elrina s’y plaît.
Glen très mordu au golf, exerce ses swings pratiquement tous les matins. Mais il ne rechigne pas à participer avec Elrina aux diverses actions organisées par CLUNY, une association équivalente de la SPA française pour recueillir des fonds : ventes d’objets et de bibelots collectés auprès des donneurs, tenue des stands et vente des grillades…etc. Et il s’inscrit volontiers aux tournois de golf visant à collecter des fonds pour les associations caritatives. On le trouve un peu idéaliste, doux rêveur.
Depuis Juin, ils ont vendu le B&B et ont acheté en échange une maison située dans le lotissement du The Trout Golf Estate.
Tous les deux nous affirment, comme Yann et Annamarie que les relations entre Blancs et Noirs à Clarens en particulier, et de manière générale dans le Free State Province, leur paraissent moins tendues que celles qu’ils ont vécues dans d’autres régions, Limpopo ou Mpumalanga par ex. où Yann et son épouse ont passé presque toute leur vie.
En Mai 2014, nous n’avions pas encore obtenu le permis de séjours temporaire qui nous permet d’ouvrir un compte en banque, et de s’abonner à une ligne téléphonique, fixe ou portable. Elrina a pris une deuxième suscription à la société de téléphone MTN pour nous. Cela nous donne un tout petit boitier “Router” que l’on peut trimballer partout et la possibilité de connecter à l’internet où que l’on se trouve : à l’hôtel, en ville ..etc.. Le cout mensuel est de 189 Rands pour 4 Gb. Auparavant, sans cette aide si appréciable, on payait environ 1000 Rands par mois pour 2 Gb
David et Lynne
Leur ferme ne faisait pas partie de Verliesfontein historique, mais elle se trouve juste à côté de celle des Mc Leod.
David, 72 ans travaillait à la banque, et Lynne 67 ans était professeur d’Anglais.
Ils partagent leur vie entre Johannesburg et Verliesfontein : en alternance : deux ou trois semaines ici ou là-bas.
Ils logent William, leur employé permanent qui s’occupe des affaires au quotidien quand ils sont dans leur maison, dans le quartier huppée de Sandton.
Lorsque nous les rencontrions pour la première fois chez les McLeod, Lynne s’est proposée gentiment de nous donner les cours d’Anglais à titre gracieux.
Donc depuis mars 2014, lorsqu’ils résident à Verliesfontein, on est convié systématiquement le Jeudi à 10h30 à une coffee–lesson. En moyenne, une leçon tous les 15 jours avec des devoirs à faire à la maison, comme les jeunes scolaires… A notre âge, vous vous rendez-compte.
C’est devenu un rituel : on arrive et s’installe dans la cuisine, David laisse tomber vaches, veaux, moutons ou travaux divers des champs et prépare le café. On le déguste, avec ou sans rusks, une sorte de biscuit secs. On discute des choses et d’autres, puis David disparait en nous laissant à nos occupations.
David affirme, pince sans rire, qu’il aime parler à ses vaches.
Lynne nous prend pour des élèves très sérieux et nous donne des devoirs à faire pour la séance suivante, espacée habituellement d’au moins de deux semaines entre les deux. On dirait que Lynne considère qu’en Anglais, on doit avoir au moins le niveau de Première ou de Terminale. J’ai beau lui expliquer, qu’en termes de vocabulaire et grammaire, on est au niveau de la quatrième du collège. Rien à faire.
Parfois c’est tellement difficile qu’on devient carrément angoissé le Dimanche soir quand on ne lui envoie pas encore par email nos homeworks.
Pour le 28 décembre, elle nous a demandé de rédiger, plutôt d’écrire un poème inspiré d’un sujet libre à notre choix. Du pain sur la planche…Sérieuse comme un Pape, elle dit que les élèves du niveau de la Terminale en RSA s’exercent obligatoirement à maitriser ce type d’écriture. Et David, en sirotant son café accompagné d’un rusk avant de s’éclipser pour s’occuper des vaches et moutons, d’opiner d’un sourire plein de malices en précisant qu’il avait noirci des cahiers d’école de ses compositions de jeunesse.
Parfois, pour échapper à la correction de nos devoirs, on lui demande de nous expliquer en détails quelques sujets qui nous intéressent.
Leur religion :
Comme la majorité des Sud-Africains, Blancs et Noirs confondus, nos voisins se disent Chrétiens ou Protestants mais pas Catholiques.
Cependant, ils ont des sensibilités religieuses variées. Glen appartient au groupe de Méthodiste anglican, disciple du courant Wesley, va à la messe célébrée en anglais, (le pasteur officie en alternance en afrikaan, et en anglais par quinzaine). David se dit presbystarian réformé, assiste à la messe officiée en afrikaan. Ces messes ont lieu dans le même lieu de culte. Lynne est du courant issu des enseignements de Martin Luther, de tendance germaniste. Leur mariage religieux n’a pas pu se faire à l’église de la paroisse de Lynne à cause de la croyance religieuse de David (??) mais Lynne peut se rendre aux offices célébrés par le pasteur de son mari.
Yann, Annamarie, et René, la chef de CLARENS VINTAGE ne fréquentent que le Deutch Reformed Church (où Glen, Elrina, David et Lynne ne viennent jamais)
Par ailleurs je souligne en passant que les concerts de Clarens Vintage ont eu lieu, jusqu’à cette date, que dans les Deutch Reformed Church à Bethlehem ou à Clarens.
J’avoue que tout cela me semble un peu compliqué.
Mais on a remarqué que dans ces Eglises, ou lieu de culte si vous préférez, il n’y a pas de statues de la Vierge Marie, ni de Jésus-Chris ensanglanté crucifié, ni d’images des Trois Roi Mages, ni crèche. Décors sobres et simples, ornés parfois de très jolis vitraux.
Heureusement, ces courants religieux co-existent pacifiquement en RSA, à l’opposé des musulmans Sunnites et Chiïtes en Irak qui s’entretuent par les attentas à la bombe.
Betty et Kim Anh chez Lynne et David, fin Avril
Lorsqu’on est conviés au repas chez nos voisins, avant de commencer les agapes, tout le monde se recueille, en se tenant par la main pendant que nos hôtes remercient Dieu (pour moi, plutôt la Mère Nature Nourricière) de nous avoir donné de la nourriture et pour le partage entre amis.
Honnêtement, ces moments de recueil avant le repas ne me dérangent pas. La chance de pouvoir manger tous les jours à sa faim n’est pas encore acquise à quelques milliards d’hommes, de femmes et d’enfants dans ce monde.
Du 13 au 20 décembre, Yann et Annamarie ont fait un séjour à la ferme d’Ed et de Marianne.
Le 18 décembre chez Elrina et Glen : Noël avant l’heure : les cadeaux apportés par Annamarie
En réalité, Yann et Annamarie étaient appelés en secours par Marianne qui devait sacrifier deux vaches blessées.
Ils passaient donc la semaine à conditionner sous vide les 200 kg de viande, à confectionner les saucisses (borewoers) et biltong (viande séchée) selon une recette traditionnelle de la mère de Yann.
Cette recette avait permis à Yann de décrocher la médaille d’argent, il y a quelques années, lors d’une foire agricole dans le Limpopo.
Du coup, nous avions eu droit à un diner fort sympathique et une soirée très agréable à la ferme des McLeod.
Devinez de quoi on parle entre deux bouchées de filet de bœuf et trois gorgées de vin, mais pas un quignon de pain. De la pluie providentielle, des herbes des prés, des animaux de la ferme et des games (animaux sauvages mais élevés dans les enclos : zèbres, kudu, boks, gnoux, buffles, émeut, autruches .etc.
A SUIVRE :
Le Professeur Tournesol pëi
Ou
Le professeur Calculus de la version anglaise des Tintin
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