En Mai 2014, nous avons fait construire un abri d’outils dont la toiture sert de support aux panneaux solaires. Nous avons intégré dans cette structure une chambre destinée aux deux jardiniers Ben et Piet. L’idée est de leur offrir une salle de repos, où ils peuvent se restaurer aux pauses de la journée 9 :30h-10h et 13:30h-14h.
Cette chambre de 3.5m x 3m est équipée de deux feux gaz, deux lits simples. Une petite salle d’eau est juxtaposée à cet espace de repos: WC et lavabo.
Notre intention est que quand nous sommes absents du Domaine Sérénité, nos jardiniers puissent dormir la nuit sur place afin d'avoir un œil sur le lieu, moyennant bien sûr un complément de rémunération.
Construction de l’abri 8 m x 4 m par John, le comptable reconverti en maçon, soudeur et agent d’insertion des jeunes du township.
Un coin de la salle de repos
Fin Mai 2014 : la pose des panneaux solaires sur la toiture de la wendy house.
Une chambre pour Magdalenah
Juin 2016
Dimension :2m50 x 3.5m : une cellule de moine endurci
Notre équipe : les MOKOENA’s. Tous ensemble
MOKOENA est un patronyme très répandu en Afrique du Sud. Je ne peux vous expliquer pourquoi.
MOKOENA MOTSAMAI Ben 51 ans 3 enfants séparé de sa femme récemment.
MOKOENA KOKONTANE Piet : 42 ans, 3 enfants
MOKOENA MAFUSI Magdalenah 36 ans 3 enfants divorcée
CRAWFORD Thomas, 26 ans, occupations occasionnelles : gardien de maisons « house-sitter » quand les propriétaires sont absents pour de courtes durées
Ben MOKOENA MOTSAMAI
Ben faisait partie de l’équipe de John qui construisait le patio du Studio Cubique en Février 2014.
Par la suite, nous l’avons embauché en même temps que son cousin Piet MOKOENA comme jardiniers.
Piet est parti en Février 2015.
Ben avait grandit dans les fermes et se révèle l’homme à tout faire. Il peut exécuter à notre demande certaines tâches essentielles à la plantation des légumes et fleurs et divers travaux désignés sous le terme « general work and helps »; l’érection des clôtures en fils barbelés, un peu de maçonnerie, de la soudure. etc selon nos besoins.
Je pense que Ben a creusé au total les 800 trous pour planter arbres, arbustes..etc. à Sérénité
Il comprend et parle très peu l’anglais, se débrouille un peu mieux en Afrikaan. Sa langue maternelle est le Sotho.
Ben est presque illettré, il sait compter mais arrive à peine lire l’Anglais.
Evidemment, on ne peut pas compter sur lui pour nous aider à progresser en Anglais, encore moins l’initiation à l’Afrikaan. Ce serait très ardu de s’initier au Sotho avec lui, pour sûr.
Ben et Patrick sont en train de bâtir le foyer de distillation de l’alambic
Ben et Marie Rose Juin 2016
Marie Rose et Mokoena Mafusi Magdalenah Juin 2016
Juin 2016 Patrick et Ben :chantier de construction d'une distillerie
En janvier 2016, le premier pêcher du verger commençait à nous faire miroiter ses fruits. Hélas, pas de temps pour les voir mûrir car les baboins se sont déjà emparé de pêches à peine roussies avant qu’on les voir grossir.
Les gens du coin croient que les baboins s’éloignent quand ils aperçoivent la silhouette des serpents.
Alors je me suis procuré de deux serpents factices et les ai accrochés au pêcher, et à l’abricotier.
Et j’avais oublié de prévenir Ben de ce manège. Et quand il voulait travailler dans le verger, je ne vous dis pas la trouille et la panique qu’il éprouvait quand il se trouvait en face de ces arbres, avant de se rendre compte que ces serpents étaient des faux.
On sait que les Noirs, plus que les Blancs Afrikaners, ont une peur atroce des serpents.
Petites histoires de Ben :
En principe nous ne logons pas nos personnels quand nous sommes présents à Sérénité.
Un Dimanche après-midi de Mars 2016, Ben me demandait au téléphone s’il pouvait venir dormir à Sérénité. Et le voilà débarqué en empruntant les chemins de montagne traversant le domaine Saint Fort de notre voisine Ernestine, couvertures, nourritures et effets personnels sur le dos.
Une histoire de mésentente conjugale certainement.
Puis, le Lundi du 20 Juin 2016, pas de Ben à Sérénité comme d’habitude.
Magdalinah nous informe que sur plaintes de sa femme pour motifs de violences conjugales, Ben était arrêté au commissariat de police à Bethlehem le Samedi précédent.
Pendant une semaine pas de Ben à son poste, et impossible de le contacter par téléphone.
Nous nous rendîmes au commissariat de Bethlehem le jeudi 30 Juin, lui apportant un peu d’argent, des cigarettes et des « oranges », et apprîmes qu’il était en détention « provisoire » au Centre de détention en dehors de Bethlehem, dans l’attente que le juge des affaires conjugales se prononce sur son cas.
Finalement, il est sorti du Centre le 2 Juillet, sous certaines conditions au niveau de la vie familiale.
Depuis cette date, nous lui permettons, s’il exprime son désir, de dormir à Sérénité, du Dimanche soir au Jeudi soir, comme un jeune scolaire au régime d’internat.
Ben le braconnier malgré lui:
En Septembre 2015, lorsque nous étions en France, Ben était chargé de rester en permanence à Sérénité. Il avait reçu des consignes très strictes : pas d’amis, ni membres de sa famille, pas de chiens pour compagnons. Et puis patatras, le 5 Octobre à 17h, ayant terminé sa journée, il se promenait avec deux chiens qu’il avait amenés du township malgré mes consignes.
Allant sur la propriété de mon voisin Edward, ses chiens, parait-il ont débusqué et tué une petite antilope qui se trouvait dans le sous-bois, près de la ravine.
Evidemment, c’était une aubaine pour Ben d’avoir du gibier mijoté dans sa marmite. Ni une ni deux, il revenait à Sérénité, la bête sur le dos, accompagné de deux chiens aboyant et surexcités.
Ce raffut alertait Louiji, le jeune manager d’Ed qui, de loin avec jumelles avait vu la scène, et déboulait en toute vitesse avec un de ses employés. Deux heures après, sur plainte de Louiji déposée au commissariat de Clarens pour motif de braconnage avec témoignages de son ouvrier et photos à appui- on n’était pas en saison de chasse- Ben passait deux nuits dans les cellules du commissariat de Clarens avant d’être libéré avec convocation au tribunal en Novembre pour cette effraction.
A compter de Novembre 2015 à Octobre 2016, il se présentait tous les deuxième Jeudi du mois au tribunal « correctionnel » qui siège dans les locaux du commissariat de Clarens. Et, à chaque fois le jugement était reporté car c’était une affaire vraiment mineure, sans aucune importance aux vues du juge.
Ben pensait pouvoir se défendre tout seul sans interprète Sotho-Anglais, alors qu’Ed et Louiji mobilisaient au moins deux avocats du barreau de Johannesburg. Devant ce déséquilibre du rapport de forces des antagonistes, en Février 2016, j’amenais Ben au service d’aide judiciaire de Bethlehem. Et l’avocat désigné découvrait que ses deux nuits passées au trou constituaient un vice de forme de la procédure : les agents du commissariat de Clarens enregistraient par écrit seulement la plainte déposée de Louiji mais n’ont pas enregistré la déposition de Ben avant de le boucler
Donc, le cas était envoyé au grand tribunal de Bloemfontein (la capitale de Free State Province) et l’instruction repartait à zéro. Ben avait un répit de deux mois, puis rebelote : convocations les deuxième Jeudis du mois au tribunal à partir de 8h30 et encore des reports de jugements comme d’habitude.
Et enfin, ce qui devait arriver arriva : Une amende de 300 rands a été prononcée en Septembre 2016, et à payer en Octobre. Cependant, lorsque Ben se présentait en Octobre pour s’acquitter de cette amende, le nouveau juge ne connaissant pas son cas, ni le verdict prononcé.
Hop, à revenir en Novembre.
Ben, très embêté, perturbé et soucieux car il n’avait pas bien compris les explications du juge, pensait qu’Edward avait fait appel du jugement rendu en Septembre.
Finalement, le Jeudi 3 Novembre, le juge annule l’amende de Septembre et Ben se voit interdit de posséder le moindre chien « de chasse » pendant 4 ans, à compter de 2016.
Moralité de cette saga judiciaire: 13 mois, des matinées de Jeudi perdues à Louiji et à Ben.
Un coup d’épée dans l’eau pour le plaignant Louiji qui exécutait les ordres de son patron Edward.
Certains « Clarensois » vont bien rigoler de cet « acharnement judiciaire », comme dirait l’autre Ex et sa bande du barreau parisien et ses acolytes politicards.
Magdalenah MOKOENA MAFUSI
Magdalinah nous a été présentée par Sheila Silcock, la propriétaire de SEDIBA Lodge, une de nos « voisines ».
Elle est avec nous depuis Février 2016.
Ayant travaillé dans un hôtel et dans divers lieux d’hébergement comme femme de ménage, elle est efficace dans le travail qui lui est confié. Attentionnée, pleine de tact, dotée d’un sens d’observation et d’anticipation sur les tâches à accomplir Magdalenah maîtrise bien son boulot sans que Betty ait à les lui rappeler ou répéter.
Elle est allée jusqu’en classe Terminale du lycée, parle très bien l’Anglais, l’Afrikaan et le Sotho bien entendu.
Elle nous sert d’interprète parfois quand on éprouve quelques difficultés de communication avec Ben.
La bande à Betty et la première cuite de géranium en Juin 2106
Quand Magda n’a pas de ménage à faire dans le Cottage Goji ou dans le Studio Cubique, elle s’emploi à travailler au jardin ou au potager.
Et elle le fait avec grands plaisirs.
Jusqu’à maintenant, nous sommes très satisfaits de son travail. Pourvu qu’elle reste à notre côté encore quelques longtemps.
Les mérites de Magdalinah et de Ben
Quatre jours par semaine, vers 07h30 Magdalinah prend le taxi collectif-minibus au township Kgubetswana (« Quartier Rouge » selon les Blancs de l’époque de l’apartheid), 13 km et 20 mn environ plus tard, descend à l’entrée du chemin, effectue 1h15 de marche pour un parcours de 5km5 et commence sa journée de travail à Sérénité à 9h15.
A 16h30 selon les cas, soit elle refait le trajet dans le sens inverse, soit elle gravit les montagnes avec Ben.
Environ 30mn (4km) en traversant à pied la propriété Saint Fort pour atteindre la route R 711, puis encore 8km pour être à la maison.
Au total à peu près 4 heures de marche par jour pour se rendre au travail en traversant à pied la propriété San Fort.
Les deux piétons et non pas randonneurs-marcheurs et leur itinéraire avant d’atteindre la RN 711 Vous ne pouvez pas voir deux taches brunes qui se distinguent sur le fond clair de l'herbe de la savane
Cinq fois par semaine, Ben a deux moyens pour se rendre à Sérénité.En vélos : 1h à pédaler avec un dénivellement de 100m sur 13km (Clarens : 1.800m, Sérénité 1.900m) (le retour se révèle un peu moins fatigant grâce à la descente en roue libre), puis 30mn (5km5) à coups de pédales sur le chemin.
A pied : aller comme retour : 1h20 ou 1h30 Township –Saint Fort, puis Saint-Fort-Sérénité en suivant le chemin de montagne.
Ben se pointe à Sérénité vers 6h45-7h pour démarrer sa journée à 07h30
Il m’est arrivé d’aller récupérer Magdalinah à l’entrée du chemin, ou de la déposer au même endroit le soir, ou de les raccompagner tous les deux au township le soir.
Thomas CRAWFORD: 26 ans célibat vivant sous le toit de sa mère à Clarens
Nous l’avons embauché pour la première fois pour un mois en Mars-Avril 2016 lorsque nous partions rendre visite à Kim Anh à Brisbane en Australie. Thomas vit à Clarens avec sa mère et son frère. De temps en temps, quand l’opportunité se présente, il exerce le boulot de « house sitter ».
Ce travail occasionnel consiste à garder les maisons quand les propriétaires sont absents temporairement. Et éventuellement prendre soin des animaux de compagnie.
Apparemment à Clarens, il ne chôme pas très souvent.
Pour nous il reste sur place pour garder la maison, s’occuper des chiens et accueillir des clients quand il y a des réservations. Il nous est arrivé de lui confier cette tâche lorsqu’on est obligé de passer une nuit ou deux à Bloemfontein ou à Johannesburg.
Thomas appartient à la catégorie de jeunes et moins jeunes « GEEKS » de notre époque.
Il passe la majorité de sa journée scotché à l’ordinateur ou devant l’écran TV : mater les séries en DVD, visionner des séquences du You Tube, jouer aux jeux vidéo. Ou, chatter avec copains et connaissances. Il est capable d’y consacrer 10 ou 12 heures par jour.
Lors de notre première rencontre en Févier 2016, quand on lui indiquait que nous n’étions pas abonnés aux chaînes satellites, il nous regardait d’un air bizarre, se demandait certainement si on n’était pas des Martiens. Et était sur le point de décliner notre offre d’emploi pour un mois, d’autant plus qu’il n’a pas de voiture, ni de permis et que Sérénité se trouve à 18km de Clarens
Pour son deuxième séjours (Mi-Juillet –début Octobre 2016), j’allais le récupérer chez lui et charger ses provisions qu’il prévoyait pour 3 ou 4 semaines. Ensuite, son frère viendrait le ravitailler.
J’étais halluciné de constater comment il se nourrit.
Et voici la liste :
*Tout d’abord une cinquantaine de DVD, et deux disques externes chargés de soap-movies.
*3 boudins de snacks de 2kg chacun (de couleur rouge sur la photo ci-dessous), parfumés et colorés à la « tomate », que beaucoup de jeunes et de moins jeunes se fourrent dans leurs estomacs devant l’écran TV, ou de l’ordinateur. Ou en guise de goûter à l’école ou «d’en cas ».
*Deux sacs totalisant au moins 20kg de viande et saucisses à griller essentiellement
*1 L de sauce pour la macération des viandes des braaïs
*7 bouteilles de Coca de 1,5 L chacune
*2 kg de sucre, 1kg de café instantané, 2kg de Kellog’s, 1kg de lait en poudre..
*3L d’huile, 500gr de margarine, 500g de sel
*1kg de mielie-maze qui constitue l’aliment quotidien de base d’une grande partie de la
population Sud-Af : le pap : une sorte de porridge/polenta (ce terme Afrikaans vient du Néerlandais « porridge »)
Lorsque vous croisez ce jeune homme de 1m60, accusant au moins 75kg, ne vous-posez vous pas la question existentielle de « la Mal-bouffe ».
Et surtout ne pensez pas à la stratégie pernicieuse, diabolique de l’industrie agro-alimentaire mise en images et en messages tonitruants dans les médias par les agences publicitaires.
Il est arrivé à Magdalinah de le virer du lit à 15h parce qu’il se vautrait avec ses snacks et son ordi en you tubant.
Enfin Une vie saine et conforme au modèle jeune de notre époque des Geek-Youtuber, NON !!
Pour finir ce post et pour la Route :
Nous avons accueilli deux jeunes couples : 25-28 ans au cottage GOJI : du Vendredi soir à 19h au Dimanche midi.
Ils ont donc dormi deux nuits.
Lundi matin, je charge leurs poubelles dans le bakie :
HALLUCINANT : environ 40 bouteilles ou cannettes de bières, de Coca, une bouteille vide de VODKA, quatre « cadavres » de rouge ou de blanc, 5 ou 6 grandes bouteilles de 1L50 de Coke ou de Soda Spirit.., Une quinzaine de barquettes d’emballage de viande ou/et de saucisses à griller au BBQ.
Magdalenah n’en revenait pas de cette de consommation de boissons alcoolisées
Il parait, d’après ce que j’ai pu observer des BBQ parties, que le rituel se déroule de manière suivante:
Le temps que le bois ou charbon devienne braises - 60mn ou plus selon la quantité utilisée- les hommes chargés de préparer le feu puisque c’est le travail des mâles conformément à la division sexuelle du travail, passent leur temps à siroter quelques cannettes de bières.. puis vient le tour des alcools en guise d’apéros.. avant de s’attaquer au vin pour le repas.
Ce rituel n'est pas spécifiquement Sud Africain. on observe la même "procédure" en France , en Europe, en Australie et certaunement aux USA :
Boire beaucoup comme les autres congénères exprime la convivialité, la sociabilité.
En un mot le sentiment d'appartenance à un groupe.
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