Vườn Tao Đàn
Du 26 Oct au 1er Novembre, nous sommes logés a l’Hôtel Lan Lan 2, à l’angle de la rue Nguyên Du et Thu Khoa Huân, à 500m du Chợ Bên Thành : le Marché Central de Saigon.
Tous les matins, je fais une marche d’une heure environ (6h-7h) dans le Vườn Tao Đàn, suivie de 10-15 mn d’exercices d’assouplissement.
Dans le coin où je fais ces exercices, je vois tous les matins un monsieur âgé, assis par terre ou sur un banc, portant dans ses bras un nourrisson, enveloppé dans un grand morceau de tissu. Il reste, face au soleil chantant doucement des berceuses. De temps en temps, il expose le bébé entièrement nu au soleil pendant quelques minutes, puis le recouvre du morceau de tissu
Au troisième jour, je l’aborde l’invite à prendre un verre et engage une petite conversation avec Ông Năm (Monsieur le 5ème)
Ông Năm dit qu’à cette heure matinale, les rayons tièdes du soleil feraient du bien à la Petite Thanh Bé Thanh, 3 mois afin qu’elle soit vigoureuse..et en bonne santé..pendant que sa grande mère, la femme de Ông Năm, s’occupe de la vente des bánh mì thit (des sandwiches à la vietnamienne) dans la rue Nguyên Du
Au Viet Nam, outre les prénoms et noms inscrits officiellement sur les papiers d’identité, chacun des Vietnamiens a toujours un « petit » nom que les proches : parents, frères, sœurs, cousins cousines, amis proches...emploient pour le désigner dans la vie quotidienne.
Au tour d’un cà phê sửa archi sucré archi serré j’apprends que Monsieur Năm ,68 ans, né à Sa Đéc, (dans le delta du Mékong) signifie qu’il est le 5ème enfant de la fratrie, alors que sur les papiers officiels, son nom est Thăng.
Concernant Bé Thanh, il dit que sa mère, fille ainée de Ông Năm, est décédée récemment...(en couche ???.). Comme le père du bébé reste inconnu, Ông Năm et sa femme, ont donc la charge de l’élever..
Leur charriot de bánh mì thit se place dans la rue Nguyên Du, à proximité de l entrée du Vườn Tao Đàn en face d’un bâtiment que je connaissais bien. C’était le siège du Club Hippique de Sài Gòn. En quittant le Conservatoire le soir, parfois je longeais la haie, haut d’un mètre environ, qui séparait le grand manège du trottoir. Les cavalières et cavaliers, en tenue d’équitation : cravache, casque, en bottes, chaps...que j’admirais, étaient majoritairement des Occidentaux.
Aux petits yeux d’enfant que j’étais, ils étaient comme des anges, des demi - Dieux dominant un grand animal avec panache..sans peur..Quelques fois, j’apercevais mon professeur de violon, qui avait passé quelques années en France pendant sa jeunesse, prendre un verre avec un de ces cavaliers français.
Je voyais à travers ces cavaliers des héros nationaux tel Phù Đông Thiên Vương,Trân Hưng Đao, Ngô Quyên, Lý Thường Kiêt .. chevauchant leurs montures à la tête d’une armée combattre et repousser les soldats des empereurs chinois des Hán, des Châu ..
Cette photo prise à la volée, à la manière des paparazzi de Ông Năm me fait penser à un récit que j’ai lu récemment.
La petite fille de Monsieur Linh de Philippe CLAUDEL Livre de poche 2007
Récit dont m’a parlé une amie habitant Florac (15km de Barre des Cévennes)..
L’auteur aborde la question de déracinement, d’isolement d’un personne âgée, traumatisée des affres de la guerre, du désespoir de l’incompréhension, les difficultés de communication, d’adaptation à un nouveau monde sans y être préparé au préalable.Et surtout d’un état psychique et psychologique résultant d’un immense et incommensurable choc émotionnel..
Le nœud de l’énigme se trouve à la dernière page.
Un livre que je vous recommanderais volontiers.
Merci Monette et Alain de Florac
BONNES et JOYEUSES FETES de FIN d’ANNEE à vous tous